Les facteurs d’anches, ces artisans qui font vibrer le Var !

Connaissez-vous les anches ? Ce sont des petites lamelles de bois qui permettent de faire fonctionner les instruments de musique à vent et saviez-vous que c’est en France, dans le Var que sont produites les meilleurs anches du monde, un savoir-faire qui fait rayonner le Var dans le monde entier.

La canne de Provence, une mauvaise herbe ?

La canne de Provence, l’Arundo donax pour les scientifiques, ressemble à un roseau. Naturellement, on la trouve près des cours d’eau ou sur le bord des chemins. Malgré son image de mauvaise herbe prolifique, elle fait la joie d’artisans varois. 

La canne tire sa richesse de son milieu : le mistral lui donne sa robustesse et les étés chauds qui succèdent aux hivers plus rigoureux lui confèrent sa souplesse. Des qualités qui en font un matériau de choix pour les facteurs d’anches. Doubles ou simples, les anches permettent à la clarinette, au saxophone, au hautbois, au basson, à la cornemuse et à leurs cousins de ravirent les oreilles des connaisseurs comme des amateurs. Les plus grands musiciens ne se fournissent qu’auprès des entreprises varoises. Ils savent qu’il n’y a que dans le Var, berceau de la canne de Provence, que l’on peut trouver une qualité qui fait vibrer les salles de spectacles !

Un savoir-faire ancestral.

Créer une anche, cela ne s’invente pas ! D’abord, il s’agit de bien sélectionner les cannes de Provence : la récolte se fait entre décembre et mars, quand la sève ne monte plus dans la plante. Les cannes sélectionnées ont 2 ans, mesurant entre 6 et 8 mètres, pour un diamètre de 26 à 32 centimètres. Les cannes coupées sont apportées à l’atelier, où elles sont « plumées », les feuilles et les branchettes sont retirées. Ensuite, c’est le temps du « soleillage » : pendant plus de quatre semaines, les cannes sont placées au soleil et prennent ainsi une belle couleur dorée. Après cela, vient encore une période de deux ans pendant laquelle les cannes sèchent. Cette étape demande une attention particulière pour la régulation de l’hygrométrie. Ensuite, les cannes sont coupées en tronçons et triées selon leur épaisseur. Si jusqu’à présent des machines, parfois très sophistiquées, accompagnent le travail, le maître artisan effectue désormais le travail à la main. Il s’occupe du fléchage des anches : les tubes sont coupés en quatre parties, lesquelles sont fraisées, biseautées au millimètre près et polies pour former, enfin, des anches. Emballées de façon à respecter le taux d’humidité idéale pour leur qualité. Elles sont prêtes à faire tour de la planète, quand ce ne sont pas les musiciens qui se déplacent eux-mêmes jusqu’à l’atelier.

Une reconnaissance mondiale.

Indépendants ou grandes entreprises, les facteurs d’anches du Var produisent, parfois de père en fils, plusieurs centaines de milliers d’anches par jour. Le savoir-faire français en la matière est particulièrement reconnu à l’international, puisque 9/10^e des commandes sont exportées : c’est grâce au Var que vibrent les saxophones du jazz américain ! Parmi les leaders mondiaux dans ce domaine, il est une entreprise un peu spéciale. Son siège est aux Etats-Unis, mais elle a été fondée par un compositeur Italien naturalisé Français, Joseph Rico. Il fournissait son neveu, clarinettiste pour les studios de Walt Disney à Hollywood, en cannes venues exclusivement du Var et c’est toujours là que l’entreprise s’approvisionne ! Dans le Var, deux entreprises se sont vue décerner le prestigieux label Entreprise du Patrimoine Vivant.

Quand elle est une plante, le Mistral malmène la canne de Provence mais lui donne sa solidité. Devenue anche, c’est un autre vent qu’elle soutient : grâce à elle, des instruments muets vibrent d’une douce mélodie, portée par le souffle des musiciens. Faites silence, le concert va bientôt commencer…