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Les Bourguignons quelle tuile !

Vous qui avez déjà arpenté les côteaux bourguignons, où qui en gardez à l’esprit ces images d’Épinal, vous avez sûrement déjà vu les célèbres toitures chatoyantes dont je vais vous raconter l’histoire. Du château de la Roche-Pot aux célébrissimes toits de Beaune, les tuiles vernissées sont gages de prestige et de richesse mais aussi le témoignage d’un savoir-faire ancien dont la Bourgogne s’est fait l’ambassadrice. 

Aux origines de la tuile vernissée :

La technique de la glaçure qui permet de donner aux toits milles couleurs est très ancienne. On trouve des traces de ces toitures aux tuiles vernissées en Normandie et en Île de France dès le XIIe siècle. Les artisans appliquent aux tuiles une technique d’émaillage (ou glaçure) pratiquée depuis l’Antiquité, notamment en Italie. C’est grâce aux moines cisterciens que l’artisanat des tuiles vernissées prend en Bourgogne une telle ampleur. Avec le succès de l’abbaye de Cîteaux, se développe une architecture dîtes cistercienne qui rassemble de très nombreux savoir-faire dont le travail de l’argile. De cette argile, travaillée sous la forme de briques ou de tuiles, les moines font une véritable industrie. Ils installent autour de la rivière Sansfond pas moins de sept tuileries et exploitent le bois des forêts de Cîteaux pour leurs fours de cuisson. 

Les tuiles d’alors sont alors, non seulement vernissées, mais aussi décorées de motifs qu’on appelle tout simplement : « le motif bourguignon » ! Certaines de ces tuiles à motifs sont encore présentes dans le cloître de l’ancienne abbaye. Bientôt l’utilisation des tuiles glaçurées se développe, et au XIVe elles recouvrent les édifices les plus prestigieux. 

Un peu d’adresse et beaucoup de chimie ! 

Pour obtenir des tuiles colorées, les artisans commencent par collecter l’argile dans les lits des rivières. La terre est ensuite travaillée jusqu’à obtenir une pâte molle qu’une fois coupée à la bonne taille on pose sur les tuiles plus anciennes pour obtenir la courbure idéale. Cette courbure permet de faire glisser l’eau de pluie et de rendre les toitures imperméables. Les tuiles sèchent ensuite à l’air libre pendant environ huit jours avant d’être cuitent dans un four à plus de mille degrés.

Puis c’est le moment de la glaçure ! Pour obtenir les différentes couleurs on varie les quantités de sels minéraux intégrés à la glaçure, c’est presque un travail de chimiste et tout est une question de dosage ! Dans les premiers temps les techniques ne permettaient pas une grande variété de teintes, les glaçures simples permettaient simplement de rehausser les teintes de l’argile du rouge vif au brun. Pour le jaune on appliquait avant le vernissage un mélange d’engobe et d’émail blanc et pour le vert le secret de la recette, c’était le plomb ! Peu de couleurs donc, mais une possibilité infinie de nuances ; car avec un peu de finesse et beaucoup de sciences on pouvait doser le plomb ou l’émail de façon à obtenir un vert très clair ou un émeraude sombre. Cette glaçure, posée par les mains expertes de l’artisan n’était visible qu’après la deuxième cuisson à 180 C°. 

Avec le développement progressif du commerce en Orient de nouvelles techniques apparaissent et donc, de nouvelles couleurs. Au plomb s’ajoute l’étain et avec lui les teintes bleues, turquoises, céladons mais aussi roses ! 

Le déclin des tuiles colorées 

Toutes ces tuiles de couleurs permettent de composer de véritables fresques sur les toits des cathédrales, des abbayes, des palais… Le choix des motifs est conditionné par le placement des tuiles. Comme elles se chevauchent, impossible de dessiner des lignes droites : alors ce sont arabesques, courbes, et parfois même des motifs d’animaux qui apparaissent sur les toits. La création de la tuile vernissée est un procédé long et coûteux que les personnages importants s’offrent comme gage de leur importance.

Au XVIsiècle en Bourgogne, les toitures colorées sont légion. Mais les siècles passant, l’entretien de ces œuvres d’arts devient un luxe que peu de personnes peuvent s’offrir. Alors on remplace simplement les tuiles abîmées par des tuiles d’argile. Peu à peu les dessins s’estompent jusqu’à disparaître. Encore aujourd’hui sur certains toits, on peut voir çà et là une tuile d’un vert profond ou d’un jaune ocre au milieu des toits d’argile. 

En Côte-d’Or, la tuilerie Laurent au hameau de Thil la Ville continue de faire vivre ce savoir-faire ancestral, en produisant à la main des tuiles vernissées aux mille couleurs. 

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