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Le banquet des vœux du faisan : une opération de com’ à succès

Plantons le décor, nous sommes au mois de février 1454 à Lille. Vous imaginez sans peine le vent glacé qui souffle et la neige qui crisse sous les pas de ceux qui s’aventurent dehors. Depuis plusieurs jours, la ville bruisse de toute part. Il y a à peine quelques heures, Isabelle d’Étampes a épousé en grande pompe le duc de Clèves, neveu du roi. La ville a été le théâtre ininterrompu de festivités grandioses : tournois, bals, banquets, mystères… Une grande partie de la noblesse du royaume est rassemblée à Lille pour plusieurs semaines, ainsi que les chroniqueurs et artistes les plus en vue de l’époque. 

Le duc de Bourgogne au sommet de l’Europe

Alors que les festivités battent leur plein, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, se décide à rejoindre Lille avec sa cour. À cette époque, au royaume de France, les relations politiques ne sont que tractations pour permettre l’affirmation du pouvoir princier. Le duc des Bourguignons est au pouvoir depuis près de trente-cinq ans, il sait que le maintien de son influence passe par le faste et la victoire. Pour ce qui est de la victoire, Philippe revient tout juste du champ de bataille. Il vient de mater la révolte des Gantois (indirectement soutenue par le roi de France pour affaiblir son pouvoir). Victoire acquise non sans heurt, mais le duc entouré de ses fils Charles et Antoine, se place en chef de guerre incontesté. Philippe revient à Lille, ville plus calme, capitale qu’il apprécie, tout auréolé de sa gloire militaire : il a une victoire à fêter. 

Le ballet des ambassadeurs 

Tout juste de retour, le duc veut participer aux festivités données pour le mariage princier. Mais de toute part on se presse pour demander audience, le tenir au courant des affaires courantes et tenter d’obtenir son approbation. Depuis quelques mois la chrétienté est en alerte, Constantinople vient de tomber sous le joug des Turcs Ottomans et tout l’Occident s’interroge, faut-il repartir en Croisade ? Philippe le Bon reçoit coup sur coup la visite de deux émissaires : celui du pape et celui du Saint Empire Romain germanique qui le prient de prendre la tête d’une coalition chrétienne pour libérer Constantinople. 

Le vœu du Faisan 

Philippe le Bon, ses conseillers, ses chroniqueurs sautent sur l’occasion. L’Europe est dans l’attente de la réaction du Duc et la quasi-totalité des chevaliers français et de la noblesse du royaume sont rassemblés à Lille. Toutes les conditions sont réunies pour une opération de communication politique fructueuse. Les ordres sont donnés et en quelques heures la maison ducale bruisse d’activité pour organiser un banquet qui restera, à dessein, dans les annales. Tout dans l’organisation de l’évènement clame la richesse et le pouvoir de Philippe et de sa maison. On a tendu sur des tréteaux des nappes d’une finesse extrême, exposés sur les tables des chefs-d’œuvre d’orfèvrerie et d’argenterie. Pour réchauffer les pièces glacées par l’hiver, d’épaisses tapisseries racontant des scènes bibliques ont été accrochées au mur. Le XVe siècle a le goût des automates et ces derniers sont mis à l’honneur par la famille de Bourgogne. Sous les yeux des invités des dizaines de mécanismes se mettent en marche montrant tour à tour un navire et son équipage ou une scène de chasse. Au cœur de la soirée, une jeune femme figurant l’Église, est menée éplorée sur un éléphant automate face au duc de Bourgogne et le supplie de venir à son secours. Selon une tradition chevaleresque ancestrale, un faisan est alors apporté en grande pompe face aux invités. Le duc, son fils et ses fidèles jurent sur l’animal qu’ils se croiseront pour aller délivrer Constantinople, bientôt imités par une grande partie de l’assemblée. Selon la coutume, l’animal est alors partagé entre ceux qui ont fait « le vœu du faisan ». 

L’opération est rondement menée, la fête est si somptueuse qu’elle est relatée jusqu’aux confins du royaume et fait grande impression à la cour du roi. Le duc de Bourgogne n’est plus seulement un prince riche et puissant, il est un soldat du Christ, défenseur de la Chrétienté et fidèle du pape. À travers les siècles le banquet du vœu du faisan sera raconté, glorifié et deviendra l’un des gages de la puissance du duché de Bourgogne. La fête aura fait si forte impression que tout le monde oubliera que Philippe ne prendra jamais la direction de l’Orient pour délivrer Constantinople, pas plus que son fils Charles le Téméraire. 

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