Qui étaient les ducs de Bourgogne ? Le Hardi, Sans Peur, Téméraire… Plongeons dans les petites et grandes histoires de cette dynastie aux mille secrets !
Des surnoms gagnés au combat
La guerre, les ducs de Bourgogne la connaissent dès le plus jeune âge. Le premier duc de la dynastie, c’est Philippe, dit le Hardi. À 14 ans, c’est déjà un cavalier accompli. Et à cette époque – on est en 1356 – la guerre n’est pas un secret pour un garçon de son âge. « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années » : alors que la France est en mauvaise posture à la bataille de Poitiers face aux Anglais (décidément, toujours eux !), Philippe accompagne son père, Jean II, roi de France, au cœur de la mêlée. « Père, gardez-vous à droite ! Père gardez-vous à gauche ! » : attentif et vigilant, l’enfant le prévient des coups qui pleuvent. Si les deux hommes sont faits prisonniers dans cette défaite, le jeune Philippe y gagne son surnom de « Hardi ».
Digne fils de son père, Jean gagne aussi son surnom sur le champ de bataille. Cette fois-ci, c’est bien loin de la France qu’il faut se rendre. À l’appel du roi de Hongrie, menacé par l’avancé des Ottomans, les princes d’Occident réunissent une armée, et c’est Jean, héritier du duché de Bourgogne, âgé de 24 ans, qui commande la chevalerie. À Nicopolis, fin septembre 1396, les troupes chrétiennes sont défaites par les soldats du sultan Bajazet Ier. Malgré tout, par son ardeur et sa témérité au cœur de la mêlée, le futur duc Jean de Bourgogne reçoit le surnom qu’il lègue à l’histoire : « sans Peur ».
Des surnoms valeureux, que leur successeur, Charles, n’a pas réussi à égaler. S’il est surnommé le Téméraire, c’est avant tout parce qu’il est une tête brûlée avant d’être un foudre de guerre. Dernier duc de Bourgogne, il a amorcé le déclin du duché, alors que ses aïeux en avant fait lever le soleil.
Et Philippe le Bon, alors ?
Le duc Philippe le Bon, fils de Jean Sans Peur et père du Téméraire, n’a pas un surnom très guerrier. Il ne s’est pas fait connaître dans l’histoire pour ses hauts faits ; ce n’est donc pas parce qu’il était « bon » pour manier l’épée qui a reçu ce surnom, qu’on lui donnait d’ailleurs assez peu de son vivant. C’est plutôt par contraste avec la politique hasardeuse de son fils, le Téméraire, que les populations ont commencé à évoquer la période du troisième duc de Bourgogne comme un âge d’or. Les chroniques ont ensuite écrit le reste et du « bon duc Philippe », il est facile de passer au « duc Philippe le Bon », surtout quand on traduit du latin !
Hardi, Sans Peur, Bon… Des surnoms dignes des rois de France ?
Les surnoms des ducs de Bourgogne n’ont rien à envier aux rois de France, dont ils ont eu l’ambition de prendre la place ! Surtout, ne faites pas de confusion entre Philippe II le Hardi, duc de Bourgogne à la fin du XIVe siècle et Philippe III le Hardi, fils de Saint Louis et roi de France près d’un siècle plus tôt (1270-1285) ! Pas facile de ne pas s’emmêler les pinceaux entre générations de cousins…
Pour les « Bon », c’est plus simple : pour les rois de France, c’est Jean II le Bon, père de Philippe le Hardi (le duc de Bourgogne, vous me suivez), qui a gagné son nom en étant brave à la guerre. Rien à voir donc à Philippe le Bon, en Bourgogne, qui était pourtant son arrière-petit-fils. Vraiment, ces histoires de familles, c’est à s’arracher les cheveux ! Et quand on ajoute à cela que le chevalier Bayard est « sans peur et sans reproche », mais qu’il n’est pas de sang royal ou bourguignon, là, on n’y comprend plus rien !
Heureusement, aucun autre que Charles le Téméraire n’a porté ce surnom ; sans doute les rois de France ont-ils appris la leçon d’un duc à l’ambition peu prudente…
Pour quelques jours ou une semaine, faites escale dans la cité des ducs de Bourgogne, à Dijon, et partez à la conquête et découverte de l’un des plus beaux palais de France !