Partez à la découverte du Morbihan et de son unique « Plus beaux villages de France ».
Une cité médiévale
Fief de grands seigneurs bretons, Rochefort-en-Terre est une cité florissante au Moyen Âge. Située à un emplacement stratégique, entre la Bretagne maritime et la Bretagne intérieure, elle bénéficie d’un commerce abondant et des foires se tiennent annuellement sous les halles, pendant plus de quatre siècles : les marchands de drap, de sel, de cuir, les bestiaux et les hommes se pressent sous le granit et l’ardoise de cette cité pleine de charme. L’activité est soutenue par le passage de nombreux pèlerins, en route pour Saint-Jacques-de-Compostelle.
Ces pieux voyageurs font alors halte dans une église qui n’a pas la forme qu’on lui connaît aujourd’hui. Cette collégiale, Notre-Dame de la Tronchaye, a été édifiée dès le XIIe siècle pour honorer une statue de la Vierge miraculeusement retrouvée et préservée. On raconte qu’au temps où les Vikings terrorisaient les rivages bretons, un moine a caché dans un arbre creux la statue d’une Vierge allaitant l’Enfant Jésus. Ce n’est que plusieurs siècles plus tard que la statue a été découverte par une bergère. L’orientation de cette église vous étonnera : c’est normal, puisqu’elle a été modifiée au XVIe siècle lors des travaux d’agrandissement, pour ralentir la dégringolade de la collégiale, bâtie sur la pente de la roche qui a donné son nom à la cité.
A la cour des rois de France ?
Les seigneurs de Rochefort, devenus par mariage les seigneurs de Rieux-Rochefort, font partie des plus grandes familles de la noblesse bretonne. Ils ne manquent pas d’ambition et parviennent jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir, ducal ou royal. L’un des membres de la famille fut compagnon de Jeanne d’Arc à Orléans et un autre chambellan de Louis XI. Le plus illustre d’entre eux, Jean IV de Rieux-Rochefort ira-t-il pourtant jusqu’à défier le royaume de France ? Maréchal de Bretagne et commandant des armées bretonnes, Jean IV prend les armes contre le roi de France Charles VIII : fidèle au duché qui l’a vu naître, il soutient son suzerain le duc de Bretagne, qui cherche à conserver l’indépendance de la péninsule armoricaine face aux tentations hégémoniques de la couronne fleurdelysée.
1488, bataille de Saint-Aubin-du-Cormier. Les armées du duc de Bretagne et ses alliés – l’Angleterre, l’Espagne et le Saint-Empire germanique – sont défaites par les armées de Charles VIII. En représailles, le roi de France ordonne de faire incendier le château de Rochefort-en-Terre. Jean IV n’a cependant pas totalement tout perdu encore, puisqu’il devient tuteur de la duchesse Anne, encore mineure à la mort de son père. C’est donc lui qui négocie le mariage d’Anne avec… Charles VIII ! Anne de Bretagne devenue reine de France fera d’ailleurs un don substantiel à son ancien tuteur pour l’aider à conserver son statut et celui d’une importante famille de la noblesse bretonne. Don qui permettra en partie de reconstruire les ruines de son château de Rochefort-en-Terre.
Américains mais Rochefortais
Rien n’est épargné au château, détruit encore deux fois. Après la Révolution, il n’est pas reconstruit et il faut attendre le début du XXe siècle pour que les seigneurs de Rieux-Rochefort trouvent leur successeur. On pourrait s’attendre à ce que ce soient des Bretons ou des Français, mais ce sont des Américains qui rachètent le château. Peintre de talent, issu d’une famille de riches industriels Alfred Klots découvre cette petite bourgade morbihannaise dans les années 1900 et en tombe amoureux. Il se porte acquéreur de ce qu’il reste du château, et le restaure. Il parvient à conserver le romantisme et le charme des ruines tout en offrant confort et modernité au lieu. Entre la France et les Etats-Unis pour des raisons professionnelles, il se distingue aussi auprès des villageois, envers lesquels il se montre généreux, d’autant plus lors de la Première Guerre mondiale, quand il permet à la Croix Rouge d’installer un hôpital dans son château.
A sa mort, c’est son fils Trafford, peintre lui aussi, qui hérite du domaine ; il poursuit l’œuvre de son père, tant pour restaurer et conserver le château qu’envers le pays qui est devenu, en quelque sorte, le sien. Ainsi, il se met au service de l’armée américaine et soutient la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale, alors même que les Allemands prennent possession de son château. Décoré de la Légion d’Honneur pour ses faits d’arme et les services rendus à la population rochefortaise après-guerre, Trafford s’éteint à Rochefort et c’est son épouse qui poursuit l’œuvre familiale au château, avant de le céder à la commune. Les membres de la famille Klots sont enterrés dans le cimetière de la ville : vous remarquerez facilement leurs tombes, orientées à l’inverse des autres, en mémoire de leur foi protestante. C’est à ces Américains que l’on doit le fleurissement extraordinaire de la cité et d’autres villes de France mais pour comprendre pourquoi, Commines vous conseille d’aller écouter Alfred Klots vous raconter son invention géniale, le concours des fenêtres fleuries, en 1911.
En terre de légendes
Rochefort-en-Terre n’est pas très éloigné de la forêt de Brocéliande, et en ce coin de Bretagne, les légendes ne manquent pas. Alors que le château était encore en ruines au XIXe siècle, certains racontent qu’il y vivait une sorcière, Naïa. Pour en avoir le cœur net, Charles Géniaux s’est rendu sur place : il a pu photographier cette femme sans âge, qui, dit-on, ne se nourrissait pas et qui aurait été vue à plusieurs lieux différents au même moment, quand elle ne mettait pas sa main directement dans les braises sans sentir la moindre douleur. Rendez-vous sur notre application pour suivre le journaliste dans son enquête sur cette histoire abracadabrante.
Les plus courageux oseront-ils s’approcher du lavoir ? On murmure que les anciennes lavandières y reviennent les soirs de pleine lune… Gare à celui qui s’aventure alors auprès d’elles ! Commines n’a pas osé s’y frotter, découvrez donc par vous-même !
Partez à la découverte de ce petit village qui ne manque pas de charme, ni de caractère. Ici, l’histoire se raconte à chaque coin de rue. Le château est au centre de l’histoire de cette cité, mais d’autres lieux sont encore à explorer et Commines, votre conteur de voyage, se fait un plaisir de vous en dévoiler les merveilles !